De Istanbul à la Grèce par la Bulgarie.
Aéroport Attaturk, Istanbul.
Nous sommes de retour à notre point de départ. On replonge 3 jours dans l'ambiance Turque et dans le buzz de ce pays qui semble ne jamais s'arrêter. On cherche dans les souvenirs pour ressortir les 3 mots qu'on connait, c'est loin et seuls les réflexes Russes sont là. On avait été marqués il y a 4 mois par le décalage entre l'Europe moderne et la Turquie en développement. En arrivant d'Asie centrale, c'est la modernité de la Turquie qui nous marque. Question de point de vue comme dit l'autre, ils n'ont pas fait un bond de 30 ans en 4 mois.
Cette fois, on perçoit la Turquie comme déjà un retour à l'Europe. On prend encore une claque de civilisation. On quitte l'aéroport par le plus facile : l'autoroute. C'est pas les flics qui vont venir nous ennuyer, les locaux nous indiquent eux-mêmes le chemin par l'autoroute, ca à l'air de déranger personne ici un vélo sur l'autoroute. Par contre, ça circule à fond, c'est pas terrible. On prend la Nationale, c'est pire, il y a le même trafic, sans la bande d'urgence pour rouler. On retourne sur l'autoroute. Après 80km, on se résigne à prendre le bus. Cette partie de la Turquie est très urbanisée et très occidentalisée, Istanbul marque réellement un point de rupture entre l'Europe et l'Asie.
A Edirne, on décide de passer par un coin de la Grèce pour rejoindre la Bulgarie. Le poste frontière nous amuse, disons que ça ressemble plutôt à une ferme pédagogique, ici il y a des bancs à l'ombre sur une petite place, entre l'enclos où les douaniers ont leurs poules et celui où il y a leurs canards.
Changement de pays, changement de religion, changement de langue. On aime la nonchalance des campagnes méditerranéennes. Loin du littoral, on traverse les villages bien paisibles. Les gens sont plutôt sympas, et surtout bien calmes. Le temps semble s'être arrêté dans les années 90 dans les cafés où on aimerait s'attarder plus que le temps de notre consommation. On prend plaisir à retrouver peu à peu de la variété dans les épiceries. Le long des routes, on remarque de très nombreux oratoires en forme d'églises orthodoxes, avec une bougie ou des icônes à l'intérieur. Par contre on ne comprend plus rien, autant le turc était transparent, le russe on l'entendait depuis 3 mois on connaissait quelques phrases et on arrivait à deviner à grands renforts de gestes mais alors là c'est incompréhensible. On a mis 2 jours avant de comprendre que "nei" voulait en fait dire oui. Ah ben tu m'étonnes qu'on pouvait toujours demander si c'était la bonne route...
Comme on attire la pluie, on la prend dans chaque pays. Le premier soir on se prend un orage d'une violence comparable à celui en Azerbaïdjan. En boule sous la tente, on laisse les dieux Grecs se battre là haut et déchaîner leur colère. Quand tu vois la violence et la puissance des orages méditerranéens, tu m'étonnes que les gens flippaient avant, quand on prêtait des origines divines à ces caprices météo.
2 jours bien vite passés et on plonge vers la Bulgarie faire un crochet pour éviter une portion de Grèce pas terrible, cet aperçu nous laisse cependant impatient de revenir.
On se retrouve en Bulgarie, on voit tout de suite le changement de ton et le coté très soviétique des villages. Ces collines sont musulmanes, à notre surprise, on replonge donc dans l'Islam. On prend plaisir a retrouver les mosquées pointer dans le paysage, et à les entendre chanter tout au long de la journée. On roule 4 jours sur des routes sinueuses qui ne font que monter à 600m, descendre à 200m. On grimpe près de 1000m par jour, sans jamais avoir la satisfaction du moindre col mais les routes sont agréables.
Les musulmans ont construit de nombreuses fontaines en bord de route, très appréciables par cette chaleur. Un soir, au milieu de nul part, on trouve même une fontaine avec une table et une borne wifi plus rapide que n'importe quel cyber café d'Asie Centrale. On se goinfre aussi de mûres, comme dans notre enfance. On en trouve partout, et on peut s'en gaver sans même descendre du vélo. Le coût de la vie y est très bas, à peu près 2 fois moins cher que tout ce qu'on a vu jusqu'à présent.
Un soir, on s'arrête faire le plein de bouffe dans une petite épicerie de village, le propriétaire, Marin, nous accueille avec un grand sourire. Après un brin de causette et un peu d'explication d'ou on vient, il nous laisse passer la soirée sur sa terrasse et on campe dans son champ sous une sorte de serre où sèchent des feuilles suspendues. On ne voit que de ça ici, mais on ne sait toujours pas ce que c'est, on apprendra plus tard qu'il s'agit de feuilles de tabac. Marin, nous offre le café au réveil, et nous laisse son numéro de téléphone en cas de souci. Ca fait toujours plaisir.
On est toujours sans réchaud. Quand tu es une star de la montagne et que tu reviens glorieux d'une expédition, on n'oublie pas de faire des affiches et des publicités "Primus était là". Quand t'as un pépin, tu peux toujours les contacter par email, ben Primus est pas là! On se débrouille pour dégoter la référence, la pièce et se la faire envoyer plus loin sur le chemin. Aussi, les bouteilles de gaz pour réchaud semblent introuvables ici, du coup on décide de construire un réchaud à alcool à brûler avec une simple canette de coca, en suivant les instructions ici, ça marche du tonnerre. On arrive à se faire bouillir de l'eau pour le thé du matin et pour les nouilles du soir! Ca faisait un moment qu'on mangeait froid du matin au soir, du coup juste un peu d'eau chaude nous fait l'effet de redécouvrir le feu, comme les hommes préhistoriques, on est tout joyeux, ça réchauffe l'estomac et le coeur! Même McGuyver nous a jamais montré ca dans ses épisodes, il avait le projet dans les cartons mais il était pas encore au point, on lui expliquera comment faire.
On laisse derrière nous les dernières collines Bulgares, une ultime montée bien raide et on repasse en Grèce. Les douaniers rigolent et se demandent ce qu'on fout ici! Ca leur cloue le bec quand ils entendent qu'on vient d'Asie en vélo!
Dans ce petit coin de collines Grecques, les villages sont aussi musulmans. On campe près des champs de tabac en observant les paysans travailler aux heures fraiches du soir, puis remonter au village. On est en plein ramadan, on se dit qu'ils doivent avoir bien faim, sans manger de la journée par cette chaleur. Un paysan nous emprunte notre opinel, il a l'air tout content d'avoir ca dans les mains. La mosquée s'éclaire à la tombée de la nuit et chante le début des festivités. Là haut au village, on doit manger de bon coeur.
On trouve dans l'islam une image bien loin de celle montrée par TF1. On en retiendra les bons côtés, une religion de simplicité et d'entraide, où on ne vénère pas d'icônes ou de représentations humaines, mais bel et bien la Vie en elle même. Ca a été pour nous beaucoup de belles rencontres, de nourriture partagée ou de coups de pouces qui font qu'on ne se sent pas seuls en voyage mais toujours accueillis quelque part. On la perçoit comme une religion vivante, qui guide encore les gens à aider les autres, y compris si on est un parfait inconnu.
Nous sommes de retour à notre point de départ. On replonge 3 jours dans l'ambiance Turque et dans le buzz de ce pays qui semble ne jamais s'arrêter. On cherche dans les souvenirs pour ressortir les 3 mots qu'on connait, c'est loin et seuls les réflexes Russes sont là. On avait été marqués il y a 4 mois par le décalage entre l'Europe moderne et la Turquie en développement. En arrivant d'Asie centrale, c'est la modernité de la Turquie qui nous marque. Question de point de vue comme dit l'autre, ils n'ont pas fait un bond de 30 ans en 4 mois.
Cette fois, on perçoit la Turquie comme déjà un retour à l'Europe. On prend encore une claque de civilisation. On quitte l'aéroport par le plus facile : l'autoroute. C'est pas les flics qui vont venir nous ennuyer, les locaux nous indiquent eux-mêmes le chemin par l'autoroute, ca à l'air de déranger personne ici un vélo sur l'autoroute. Par contre, ça circule à fond, c'est pas terrible. On prend la Nationale, c'est pire, il y a le même trafic, sans la bande d'urgence pour rouler. On retourne sur l'autoroute. Après 80km, on se résigne à prendre le bus. Cette partie de la Turquie est très urbanisée et très occidentalisée, Istanbul marque réellement un point de rupture entre l'Europe et l'Asie.
A Edirne, on décide de passer par un coin de la Grèce pour rejoindre la Bulgarie. Le poste frontière nous amuse, disons que ça ressemble plutôt à une ferme pédagogique, ici il y a des bancs à l'ombre sur une petite place, entre l'enclos où les douaniers ont leurs poules et celui où il y a leurs canards.
Changement de pays, changement de religion, changement de langue. On aime la nonchalance des campagnes méditerranéennes. Loin du littoral, on traverse les villages bien paisibles. Les gens sont plutôt sympas, et surtout bien calmes. Le temps semble s'être arrêté dans les années 90 dans les cafés où on aimerait s'attarder plus que le temps de notre consommation. On prend plaisir à retrouver peu à peu de la variété dans les épiceries. Le long des routes, on remarque de très nombreux oratoires en forme d'églises orthodoxes, avec une bougie ou des icônes à l'intérieur. Par contre on ne comprend plus rien, autant le turc était transparent, le russe on l'entendait depuis 3 mois on connaissait quelques phrases et on arrivait à deviner à grands renforts de gestes mais alors là c'est incompréhensible. On a mis 2 jours avant de comprendre que "nei" voulait en fait dire oui. Ah ben tu m'étonnes qu'on pouvait toujours demander si c'était la bonne route...
Comme on attire la pluie, on la prend dans chaque pays. Le premier soir on se prend un orage d'une violence comparable à celui en Azerbaïdjan. En boule sous la tente, on laisse les dieux Grecs se battre là haut et déchaîner leur colère. Quand tu vois la violence et la puissance des orages méditerranéens, tu m'étonnes que les gens flippaient avant, quand on prêtait des origines divines à ces caprices météo.
2 jours bien vite passés et on plonge vers la Bulgarie faire un crochet pour éviter une portion de Grèce pas terrible, cet aperçu nous laisse cependant impatient de revenir.
On se retrouve en Bulgarie, on voit tout de suite le changement de ton et le coté très soviétique des villages. Ces collines sont musulmanes, à notre surprise, on replonge donc dans l'Islam. On prend plaisir a retrouver les mosquées pointer dans le paysage, et à les entendre chanter tout au long de la journée. On roule 4 jours sur des routes sinueuses qui ne font que monter à 600m, descendre à 200m. On grimpe près de 1000m par jour, sans jamais avoir la satisfaction du moindre col mais les routes sont agréables.
Les musulmans ont construit de nombreuses fontaines en bord de route, très appréciables par cette chaleur. Un soir, au milieu de nul part, on trouve même une fontaine avec une table et une borne wifi plus rapide que n'importe quel cyber café d'Asie Centrale. On se goinfre aussi de mûres, comme dans notre enfance. On en trouve partout, et on peut s'en gaver sans même descendre du vélo. Le coût de la vie y est très bas, à peu près 2 fois moins cher que tout ce qu'on a vu jusqu'à présent.
Un soir, on s'arrête faire le plein de bouffe dans une petite épicerie de village, le propriétaire, Marin, nous accueille avec un grand sourire. Après un brin de causette et un peu d'explication d'ou on vient, il nous laisse passer la soirée sur sa terrasse et on campe dans son champ sous une sorte de serre où sèchent des feuilles suspendues. On ne voit que de ça ici, mais on ne sait toujours pas ce que c'est, on apprendra plus tard qu'il s'agit de feuilles de tabac. Marin, nous offre le café au réveil, et nous laisse son numéro de téléphone en cas de souci. Ca fait toujours plaisir.
On est toujours sans réchaud. Quand tu es une star de la montagne et que tu reviens glorieux d'une expédition, on n'oublie pas de faire des affiches et des publicités "Primus était là". Quand t'as un pépin, tu peux toujours les contacter par email, ben Primus est pas là! On se débrouille pour dégoter la référence, la pièce et se la faire envoyer plus loin sur le chemin. Aussi, les bouteilles de gaz pour réchaud semblent introuvables ici, du coup on décide de construire un réchaud à alcool à brûler avec une simple canette de coca, en suivant les instructions ici, ça marche du tonnerre. On arrive à se faire bouillir de l'eau pour le thé du matin et pour les nouilles du soir! Ca faisait un moment qu'on mangeait froid du matin au soir, du coup juste un peu d'eau chaude nous fait l'effet de redécouvrir le feu, comme les hommes préhistoriques, on est tout joyeux, ça réchauffe l'estomac et le coeur! Même McGuyver nous a jamais montré ca dans ses épisodes, il avait le projet dans les cartons mais il était pas encore au point, on lui expliquera comment faire.
On laisse derrière nous les dernières collines Bulgares, une ultime montée bien raide et on repasse en Grèce. Les douaniers rigolent et se demandent ce qu'on fout ici! Ca leur cloue le bec quand ils entendent qu'on vient d'Asie en vélo!
Dans ce petit coin de collines Grecques, les villages sont aussi musulmans. On campe près des champs de tabac en observant les paysans travailler aux heures fraiches du soir, puis remonter au village. On est en plein ramadan, on se dit qu'ils doivent avoir bien faim, sans manger de la journée par cette chaleur. Un paysan nous emprunte notre opinel, il a l'air tout content d'avoir ca dans les mains. La mosquée s'éclaire à la tombée de la nuit et chante le début des festivités. Là haut au village, on doit manger de bon coeur.
On trouve dans l'islam une image bien loin de celle montrée par TF1. On en retiendra les bons côtés, une religion de simplicité et d'entraide, où on ne vénère pas d'icônes ou de représentations humaines, mais bel et bien la Vie en elle même. Ca a été pour nous beaucoup de belles rencontres, de nourriture partagée ou de coups de pouces qui font qu'on ne se sent pas seuls en voyage mais toujours accueillis quelque part. On la perçoit comme une religion vivante, qui guide encore les gens à aider les autres, y compris si on est un parfait inconnu.